Vie de Aicha, épouse du prophète (saw)
Résumé du livre : La vie de Aîcha , épouse du Prophète (saws)
L’enfance
Aicha est née vers la fin de la quatrième année de la mission du Prophète saws. Elle est donc née et a grandit dans un foyer musulman. Les parents de Aicha étaient très investis dans la nouvelle religion. La petite Aicha recueillait passionnément les pratiques de l’Islam.
Elle était, depuis son plus jeune âge, dotée d’un grand sens des responsabilités, elle posait des questions extrêmement intelligentes. Elle avait une très bonne mémoire et ses commentaires sur des personnes ou sur des choses étonnaient ses parents.
Sa mémoire était si grande qu’elle connaissait quelques passages du Coran par cœur. Elle les recueillait de son père. Elle avait un peu plus de huit ans quand eut lieu l’émigration (la Hijra) du Prophète saws de la Mecque vers Médine.
Quelques années plus tard, personne ne pouvait détailler la Hijra d’une façon aussi précise que Aicha.
Le mariage
Othmane Ibn Maz’oune était un compagnon intime du Prophète saws, il raconta à sa femme combien la mort de Khadija avait affecté la vie du Prophète saws.Sa femme Khawla, réfléchit à la question et alla un jour trouver le Prophète saws.Elle lui demanda pourquoi il ne se remarierait pas et lui proposa Aicha la fille d’Abu Bakr et la veuve Saouda, fille de Zam’ah, le Prophète saws envoya Khawla en parler a leurs tuteurs.
Khawla partit trouver Oum Romane, la femme d’Abu Bakr, pour lui faire part de la demande en mariage du Prophète saws concernant Aicha. Elles attendirent Abu Bakr, sa première réaction fût une réaction de surprise. Il se demanda si le Prophète saws pouvait épouser la fille de son frère, Khawla transmit au Prophète saws qui répondit qu’il est son frère en Islam et que le mariage avec sa fille lui est licite. Abu Bakr fut très content des commentaires du Prophète saws cependant, il y avait un obstacle, Aicha était déjà fiancée mais le garçon et ses parents étaient toujours des non-croyants. Abu Bakr régla cette question, il pouvait maintenant marier sa fille au Prophète saws.
"J'étais en train de jouer sur une bascule et mes longs cheveux flottant au vent étaient ébouriffés?", dit-elle. "Ils vinrent, me prirent de mon jeu et me préparèrent". Ils la vêtirent d'une robe de mariée faite de fin tissu à rayures rouges de Bahrayn et ensuite sa mère l'emmena à la maison récemment construite où des femmes des Ansars attendaient devant la porte. Elles l'accueillirent en disant : "Pour toujours et dans la joie, soit la bienvenue !" Alors, en présence du Prophète (P. S. soient sur lui), souriant, un bol de lait fut amené. Le Prophète (P. S. soient sur lui) en but lui-même et en offrit à Aicha (Allah soit satisfait d?elle). Elle refusa timidement mais il insista, elle but et offrit le bol à sa s?ur Asma (Allah soit satisfait d?elle) qui était assise à ses côtés. D'autres en burent aussi et ce fut simple et solennel.
Elle devait alors avoir 9ans selon certains, 8 ou 10 selon d'autres.
La permission des ablutions pulvérales est descendue de part sa bénédiction
Aïcha (Allah soit satisfait d?elle) a dit : Nous étions partis avec l'Envoyé d'Allah (P. S. soient sur lui) pour une de ses expéditions quand, arrivés à Al-Baydâ' - ou à Dhât Al-Jaych, mon collier se coupa et tomba à mon insu. Le Prophète fit halte pour le rechercher et tout le monde s'arrêta également. Il se trouvait que nous n'étions pas auprès d'un point d'eau et que nous étions en défaut d'eau. Ensuite, les fidèles allèrent trouver Abou Bakr et lui dirent : "Ne vois-tu pas ce qu'a fait Aicha; elle a obligé l'Envoyé d'Allah (P. S. soient sur lui) et ses compagnons à s'arrêter bien qu'ils ne soient pas sur un point d'eau et qu'ils n'en aient pas apporté avec eux". Abou Bakr vint alors me trouver alors que l'Envoyé d'Allah (P. S. soient sur lui), la tête posée sur ma cuisse, s'était endormi. "Tu as retenu, me dit-il, l'Envoyé d'Allah (P. S. soient sur lui) et tout le monde bien qu'ils ne soient pas sur un point d'eau et qu'ils n'en aient pas apporté avec eux". Et Abou Bakr de continuer à me gronder et de m'adresser tous les reproches qu'il plût à Allah de lui laisser dire, et de me donner des coups de main à la taille. Il ne m'empêcha de bouger que (la peur de déranger) l'Envoyé d'Allah (P. S. soient sur lui) qui dormait sur ma cuisse. L'Envoyé d'Allah (P. S. soient sur lui) se leva le lendemain matin et, comme on était sans eau, Allâh révéla le verset concernant les ablutions à sec et on les fit. "Ô famille de Abou Bakr, s'écria 'Usayd Ibn Al-Hudayr, un des nobles, ce n'est pas la première de vos bénédictions!". Alors, ajouta Aicha, quand nous fîmes lever le chameau qui me servait de monture, nous trouvâmes le collier sous l'animal". (Rapporté par Mouslim n° 550)
Le choix entre le bas-monde et l'au-delà
Une fois, le Prophète (P. S. soient sur lui) demeura loin de ses épouses pendant un mois car elles l'avaient attristé en lui demandant ce qu'il n'avait pas. C'était après l'expédition de Khaybar, quand une hausse des richesses aiguisa l'appétit de ceux qui étaient présents.
D'après Aicha (Allah soit satisfait d'elle), Quand l'Envoyé d'Allâh (P. S. soient sur lui) reçut d'Allah l'ordre d'offrir à ses femmes de choisir (entre leur union avec lui ou bien les biens de ce monde au lieu de ceux de la vie future), il vint me trouver la première et me dit : "Je vais t'entretenir d'une affaire, mais ne te hâte pas de me répondre tant que tu n'auras pas consulté tes parents". Or il savait bien que ni mon père, ni ma mère ne m'engageraient à me séparer de lui. Puis, il poursuivit : "Allah, l'Exalté a dit : {Ô Prophète! Dis à tes épouses : Si c'est la vie présente que vous désirez et sa parure, alors venez! Je vous donnerai (les moyens) d'en jouir et vous libérerez (par un divorce sans préjudice). Mais si c'est Allâh que vous voulez et Son Messager ainsi que la demeure dernière, Allâh a préparé pour les bienfaisantes parmi vous une énorme récompense"}. "A quoi bon, lui répondis-je, consulter mon père et ma mère, puisque c'est Allah, Son Envoyé et la demeure dernière que je désire?" Les autres épouses du Prophète (P. S. soient sur lui) firent de même.(Rapporté par Mouslim n°2696)
La calomnie
Avant le voyage, Aicha emprunta un collier à sa sœur Asma. Au retour, la caravane campa la nuit. Le lendemain matin, elle était prête à repartir, Aicha avait envie de prendre l’air donc elle marcha un peu dans le désert, sans informer qui que ce soit car elle pensait être bientôt de retour. En revenant, elle remarqua que le collier était perdu, elle se mit tout de suite à sa recherche, c’était un bijou emprunté qu’elle devait rendre à sa sœur.
Elle le retrouva enfin et retourna en vitesse mais la caravane était déjà partie, et comme Aicha était très mince et légère, on ne remarqua pas son absence. Se retrouvant seule, Aicha s’allongea calmement sur le sol car elle était sûre qu’en s’apercevant de son absence on enverrait quelqu’un à sa recherche.
Un peu plus tard, Safwan Ibn Mouattal, un compagnon vint en retardataire. Son travail était de récupérer ceux qui s’étaient écartés et les objets tombés. De loin, il vit Aicha et la reconnut. Il l’appela et elle se leva, Safwan la prit sur son chameau, il conduisit lui-même le chameau et rejoignit la caravane à l’heure du repos de midi.
Ce simple incident fut très vite tourné en une histoire calomnieuse par Abdoullah Ibn Oubbay et ses valets, qui trouvèrent là une occasion de nuire au Prophète saws et à l’Islam.
Aussitôt que la caravane arriva à Médine, les hypocrites commencèrent à salir la renommée de Aicha. Ils détournèrent l’incident du collier pour dire aux gens que Aicha n’était pas chaste.
L’histoire se répandit rapidement. Abdoullah Ibn Oubbay réussit à gagner le soutien de trois personnes :
-Hassan Ibn Thâbit le poète qui avait une dent contre Safwan.
-Hamna qui avait une dent contre Aicha.
-Moussattah qui lui en voulait à Abu Bakr.
La douleur de Aicha
Les hypocrites semblaient avoir remporté une victoire spectaculaire. La calomnie se répandit rapidement. Les honnêtes musulmans étaient profondément affligés et ils déclarèrent :
« Gloire à Dieu ! Ceci est une fausseté évidente ! »Aicha ne savait rien de la calomnie jusqu’au soir où la mère de Moussattah la mis au courant de la participation de son fils à cette campagne calomnieuse. Aicha abasourdie, alla chez sa mère, une femme Ansarite arriva et raconta toute l’histoire à la mère de Aicha, celle-ci tomba et s’évanouit. Aicha fut bientôt au lit avec une grosse fièvre.
Le Prophète saws vint lui aussi à apprendre la malicieuse accusation mais tant que la vérité n’était pas établie, il ne pouvait rien faire. Il entrait de temps en temps dans la chambre de Aicha, s’informait de sa santé et s’en allait. Ceci amena Aicha à croire que le Prophète saws n’était pas certain de son innocence. Alors, elle demanda la permission du Prophète saws d’aller à la maison de ses parents.
Virent ensuite les pires moments de sa souffrance. Jour et nuit, des larmes ruisselaient de ses yeux. Elle ne pouvait même pas dormir, sa tête tournait et ses yeux s’inondaient de larmes. Un jour, elle était tellement désespérée qu’elle voulut mettre fin à ses jours en se jetant dans un puits. Ses parents affligés faisaient tout ce qu’ils pouvaient pour la consoler mais elle ne connut aucun réconfort.
Aicha déclarée innocente
Quand Safwan apprit la calomnie, il devint fou de rage, il sortit son épée et voulu attaquer le poète Hassan. La situation fut rapportée au Prophète saws qui rétablit la paix entre les deux hommes. Le Prophète saws commença ensuite une enquête :
Oussama déclara « C’est un gros mensonge ».
La réponse de Ali fut la suivante : « Il n’y a pas de disette de femmes dans le monde. »Il voulait dire par qu’au cas où le Prophète saws attachait de l’importance à la calomnie, il pouvait divorcer de Aicha.
Zaynab, la sœur de Hamna, déclara « Je ne connais que de la vertu en Aicha. »Le Prophète saws rassembla alors tous les compagnons dans la Mosquée et leur expliqua comment Abdoullah Ibn Oubbay avait mis sur pied cette campagne salissante.
A la fin, il dit : « Oh Musulmans ! Ce marchand de discorde a fabriqué un mensonge sur ma famille. Qui le punira de ma part ? »
Le chef de la tribu Aws dit « Messager de Dieu, si vous le permettez je ferai tomber sa tête » Mais Abdoullah Ibn Oubbay appartenait à la tribu Khazraj, le chef de cette tribu, s’adressant au chef de Aws, dit : « Qui êtes-vous pour vous ingérer dans les affaires des Khazraj ? ».Ceci provoqua des protestations des Aws, la dispute prenait une mauvaise tournure. Mais le Prophète saws intervint et le problème fut résolu à l’amiable.
Le Prophète saws se dirigea vers la maison d’Abu Bakr, Aicha était au lit avec une douleur profonde. Il s’adressa à elle : « Aicha si tu es coupable, confesse ta faute et repens-toi. Certainement, Dieu accepta ton repentir. Mais si tu es innocente Dieu Lui-même déclara ta chasteté. »Aicha dit alors : « Dieu sait très bien que je suis innocente. Mais si malgré l’innocence, je fais une confession, qui va douter de la vérité de l’allégation ? Et si je nie l’allégation, qui va croire ? Ma position est comme celle du père de Joseph qui a déclaré que la patience est la meilleure. »Ces mots avaient visiblement touché le Prophète saws, il se prosterna sur le sol. Il se leva quelques instants après, des gouttes ruisselaient sur son visage.
La Révélation Divine avait déclaré l’innocence de Aicha par les mots suivants :
« Les calomniateurs sont parmi vous. N’y voyez pas un mal, c’est un bien pour vous. Chacun d’eux porte la faute qu’il a commise et celui qui en a la plus lourde part, à lui le tourment sans borne. Si seulement croyants et croyantes, en l’entendant, avaient pensé en eux-mêmes du bien de cette affaire lorsqu’ils en ont entendu parler : c’est une calomnie manifeste. » (Coran 24/ 11)
La mort de son père (13 H)
Alors qu'Abou Bakr agonisait il se découvrit le visage et dit à sa fille 'Aicha qui était affligée: "Ne sois pas dans cet état mais récite plutôt : (Et puis voici le vertige de la mort, dévoilant du coup la vérité. Voilà Homme ce que tu cherchais à fuir !)(50/19) Abou Bakr dit ensuite : "Prenez ces deux habits, lavez les, et utilisez les pour mon linceul ; car les vivants ont plus besoin du neuf que le mort !"
La bataille du chameau (36 H.)
Talha et Az-zoubayr ont rencontré Aicha qui y était allée pour le pèlerinage. Ils ne comprennent pas les intentions de Ali et en toute bonne foi croient que c'est parce que les insurgés le soutiennent qu'il refuse de leur appliquer le talion. A la tête de tout un groupe, ils partent donc pour l'Irak pour appeler les gens à soutenir leur demande de l'application du talion.Aicha est traitée par Ali avec tous les égards qui lui sont dus; il demande à Muhammad Ibn Abî Bakr, de la conduire à Médine. Le Prophète lui avait dit un jour: "Quelque chose surviendra entre toi et Aicha. Je serai alors le plus malchanceux des humains ! S?était exclamé Ali. Non, mais quand cela arrivera, fais-la retourner à son lieu de sécurité"
Le Rang Unique de Aisha
Aisha est, indiscutablement, l'un des plus grands professeurs qu
e l'Islam ait produit. Elle appartient à l'ensemble des théologiens illustres qui ont continué le travail et la mission du Prophète après sa mort, en interprétant et transmettant ses enseignements. Parmi les hommes, plusieurs noms pouvait prétendre cette distinction, mais parmi les femmes, Aisha était la seule.
Pendant neuf années, elle partagea sa vie avec le Prophète, recevant plus d'attention que les autres épouses. Avec ses dons naturels extraordinaires, Aisha en tira les meilleurs profits.
L'islam est un code de vie complet qui guide les pas des croyants dans tous les domaines d'activité humaine. Les femmes ont leurs problèmes particuliers. En tant que femmes et mères, elles doivent remplir des devoirs différents de ceux des hommes.
C'était à travers ses femmes que le Prophète a transmis ses enseignements au monde féminin. Aisha est facilement devenue la source la plus sûre de ses enseignements. Aisha était dotée d'une mémoire étonnante, à laquelle peut s'ajouter une habituelle observation attentive. Tout cela lui permettait de décrire en détails les expériences remontant aussi loin que son enfance. Ces qualités firent de Aisha une autorité très importante de la loi islamique.
Les sources ultimes de la loi en Islam sont le Coran et la Sunna. Plusieurs chapitres du Coran furent révélés dans la chambre d'Aisha. Son observation attentive et sa mémoire étonnante lui permirent de mémoriser les faits et les dires du Prophète en différentes occasions. Tous ces faits faisaient que son opinion sur les points de la loi était très respectée. En voici quelques exemples :
A la mort de Saad Ibn Abu Waqqas, Aisha suggéra que sa prière funéraire soit lue dans la mosquée du Prophète. Les gens y firent une objection. « Les gens ont une mauvaise mémoire ! s'exclama Aisha. Le Messager d'Allah a fait celle de Said Sohail Ibn Baidha dans cette mosquée. »
Une fois, quelques Compagnons racontèrent aux gens que les pleurs et les lamentations des parents ajoutent quelque chose au châtiment de la personne morte. Ils citèrent un hadith du Prophète à l'appui. Quand la question fut rapportée à Aisha, elle dit : « Qu'Allah leur pardonne ! Ils n'ont pas menti, mais ils ont oublié ou mal compris. Le fait réel est qu'un jour le Messager d'Allah passa à côté d'une procession funéraire d'une juive dont les parents pleuraient et gémissaient. A cela, il fit cette remarque : Ces gens hurlent et elle subit le châtiment. »
Une fois, le Compagnon très connu Abu Hurayra dit aux gens : « Si quelqu'un prie et qu'une femme ou un âne ou un chien passe devant lui, sa prière est annulée. » Quand ce récit arriva aux oreilles de Aisha, elle s'exclama : « Quoi ! Veut-il dire qu'une femme ne vaut pas mieux qu'un âne ou un chien ? Ma chambre était si petite que mon bistarah (matelas) se trouvait juste en face du tapis de prière du Prophète. Quand il priait, j'étais allongée dans mon lit, mes pieds pendillant au dessus de son tapis. Quand il allait se prosterner, il touchait mes pieds et je les retirais. Je les tendais de nouveau après cela. Il m'arrivait quelques fois par nécessité, de passer devant lui pendant qu'il priait. »
Cette explication amena Abu Huraira à retirer ce qu'il avait dit.
Aisha vécut un demi-siècle après le Prophète. La période qui suivait sa mort était la période des Compagnons qui avaient quelques difficultés à se diriger à partir du Coran et de la Sunna. Les Compagnons chefs moururent un par un. Il y eut alors une génération qui n'avait pas de connaissances personnelles sur la façon de vivre du Prophète. Seule une poignée de Compagnons qui étaient très jeunes à la mort du Prophète, était les porte-flambeaux de la connaissance, pour cette génération. Abullah Ibn Omar, Abdullah Ibn Abbas et Aisha appartenaient à ce groupe.
L'Amour pour la vérité
Aisha avait une telle passion pour la vérité que comme son illustre père, elle reçut le titre de "Véridique". Elle n'a jamais hésité de déclarer que ce qu'elle pensait était la vérité. Pour rien au monde, elle n'aurait abandonné son devoir envers Dieu et les hommes.
Les Califats d'Abu Bakr et d'Omar furent des périodes d'harmonie interne. Les musulmans combattaient les ennemis étrangers et devaient se serrer les rangs. Pendant le Califat d'Outhman, la situation changea. L'ère de conquête prit fin. Les gens commencèrent à exprimer le désir de vivre une vie aisée et confortable. Des querelles réciproques commencèrent, des rivalités oubliées refirent surface. Des redistributions inégales des biens produisirent une multitude de maux sociaux. La main du Calife agé était trop faible pour mettre un terme à cela.
Comme des sentiments d'insatisfaction et d'inquiétude grandissaient, on recherchait la sérénité de Médine. Ceux qui avaient des plaintes s'adressèrent aux Compagnons et aux Mères des Croyants. Aisha était parmi ceux qui considéraient comme capables d'améliorer les choses. Elle déclara très vite sa désapprobation de la politique d'Outhman. Cependant, elle était strictement contre la violence. Quand Oushtar Nakhi, le chef rebelle suggéra que Outhman fut tué, elle exprima son horreur. Son propre frère Muhammed, agissait contre le Calife. Elle le supplia de ne pas utiliser des méthodes illégales et le pria de l'accompagner à la Mecque pour le Pèlerinage. Mais il refusa d'accepter ce conseil.
L'assassinat d'Outhman a tellement secoué Aisha qu'elle exprime ouvertement sa haine pour cette acte, en des termes violents. Elle fut même décidée de marcher su Bassora à la tête d'une armée. Rien d'autre qu'un profond sens du devoir, l'amena à tirer l'épée contre Ali. Elle a été absente de Médine pour quelques temps et ses points de vue sur les tragiques incidents dans la capitale étaient basés sur les récits de Talha et Zoubair. Naturellement, elle dut faire confiance aux récits de ces témoins oculaires. Aussi, la solution qu'elle avait choisie n'était pas celle de son propre choix. Cependant, au moment où elle réalisa son erreur, elle ne perdit pas de temps à la confesser. Elle a fait tout ce qui était en son pouvoir pour se corriger. Une fois, quelqu'un lui demanda :« Qui le Prophète aime-t-il le plus ? Fatima ! fut la réponse. Et parmi les hommes ? Son mari Ali qui était le premier pour les prières et pour le jeûne. »
Les dix huit derniers années de la vie de Aisha ont été vécues sous l'autorité de Mouawiya. Contrastant avec le Califat des quatres Califes bien guidés, celui de Mouawiya était un cas particulier. Aisha n'a jamais hésité à déclarer la vérité. Hajr Ibn Abdi, un Compagnon, vivait à Koufa. Il était un partisan d'Ali. Le gouverneur de Koufa l'arrêta et l'envoya à Damas. Quand Aisha apprit cela, elle envoya immédiatement un homme à Mouawiya, lui demandant de ne pas gêner Hajr. Cependant, Hajr fut tué avant que le messager n'arrive. Quand Mouawiya visita Médine par la suite, la première question que Aisha lui posa, fut celle-ci : « Mouawiya ! Qu'est il arrivé à votre prudence au sujet de Hajr ? »
La guerre civile qui suivit l'assassinat d'Ouhtman divisa les musulmans en trois groupes. Les habitants de l'Iraq et de l'Egypte disaient du mal d'Outhman et de ses parents. Ceux de Syrie en faisaient de même pour Ali. Les Kharijites haïssaient les deux groupes. Regrettant cet état des choses, Aisha fit cette remarque : « Allah ordonne dans le Coran de demander Sa miséricorde et Ses bénédictions pour les Compagnons du Prophète, mais ces gens jettent des malédictions sur eux ! »
Une fois, Mouawiya écrivit à Aisha, lui demandant un conseil. Elle lui donna cette réponse :« J'ai entendu le Messager d'Allah dire : Celui qui essaie de contenter Allah, ne se souciant pas du mécontentement des gens, sera protégé contre la méchanceté des gens. Mais celui qui contente les gens au prix du mécontentement d'Allah, sera abandonné par Allah à la merci des gens. »
Pendant sa vie, Mouawiya commença à faire prêter serment d'allégeance à son fils Yazid. Aisha n'apprécia pas cela. Abdullah Ibn Zoubeir et quelques autres chefs s'opposèrent sans peur à cette proposition. Quand, lors d'une visite à Médine, Mouawiya s'en plaignit à Aisha, elle répondit :« Faites ce qui vous semble être bon ! Je demande une seule chose : Ne forcez pas ces hommes à agir contre leur gré ! »
Un Grand Professeur
L'islam insiste beaucoup sur l'importance de l'éducation. Le Prophète lui même, était le plus grand professeur de l'histoire. Il voulait que l'éducation se répande. Pour cela, il rassembla toutes les personnes de talent et d'une grande vertu et les forma spécialement, pour travailler comme professeurs après lui. Aisha était l'un de ces professeurs.
Sa propre éducation et instruction commencèrent à l'âge de neuf ans, quand elle arriva chez le Prophète. Elles continuèrent jusqu'à ses dix-huit ans. Cela fit d'elle un des plus grands professeurs de son siècle. Elle vécut jusqu'à l'âge de 67 ans, assez longtemps pour aider les gens à trouver des solutions à des problèmes d'une période si différente de celle du début de l'Islam. Elle partageait cette distinction avec de grands maîtres comme Abdullah Ibn Omar, Abdullah Ibn Abbas, Abu Hurayra et Zaid ibn Thabit. Ces professeurs célèbres firent de Médine, le plus grand centre d'étude du monde. L'école de Aisha était considérée comme le siège le plus important du savoir.
Aisha continua à dormir encore quelque temps dans la chambre du Prophète, à côté de sa tombe. Une nuit, elle le vit en rêve. Le lendemain, elle emménagea dans la chambre voisine. Au cours du temps, la chambre devint le centre le plus important de l'éducation. En face de la porte, il y avait un rideau. Aisha s'asseyait derrière le rideau. Des filles, des garçons et les hommes pour lesquels elle n'avait pas à observer le voile, entraient dans la pièce et s'asseyaient en face d'elle. Les autres prenaient place dans la cour de la mosquée, près du rideau.
La méthode d'enseignement adoptée était une combinaison de conversation et de discussion. Quelquefois, elle parlait d'un sujet et les autres écoutaient. A la fin de l'exposé, on posait des questions et on y répondait. Quelquefois, la leçon prenait la forme de questions posées par les élèves et de réponses détaillées, données par le professeur. En d'autres occasions, on commençait une discussion, les élèves et le professeur y prenant part librement. Aisha veillait bien à la prononciation et à l'accent. Les fautes étaient corrigées immédiatement.
Quelques uns des adultes assistaient aux cours de temps en temps. La plupart des garçons et filles, cependant, étaient des étudiants réguliers. Les orphelins de Médine bénéficiaient d'une attention spéciale de la part de Aisha. Elle s'occupait de toutes leurs dépenses. Les personnes qui avaient eu le privilège d'étudier avec Aisha surpassaient leurs camarades.
Aisha était la plus gentille avec ses élèves que leurs propres mères. Elle en adopta quelque uns.
Son amour et son attention pour ses élèves étaient tels que sa propre famille les enviaient. Elle aimait chèrement son neveu Abdullah Ibn Zoubeir. Mais il enviait quand quand même Aswad, un élève prometteur de Aisha. Ses élèves aussi, avaient la plus grande estime pour elle.
Le nombre d'élèves qui profita de son éducation se comptait par centaine. Rares étaient les savant en hadiths qui n'avaient pas bénéficié directement de ses connaissances. Les plus grands noms parmi eux sont :
Orwa frère d'Abullah ibn Zoubeir et neveu de Aisha. Il fut élevé par elle. Il était en passe de devenir le premier savant de Médine.
Qacim, un autre neveu de Aisha. Il était le fils de son frère Muhammed. Etant devenu orphelin, elle l'éleva. Il était en passe de devenir un grand savant de la loi islamique.
Abu Salma, fils d'Abdur Rahman Ibn Aouf lui aussi était orphelin et fut élevé par Aisha. Il était en passe de devenir un grand savant en hadith.
Massrouq, le jeune d'Iraq que Aisha avait adopté. Il devint plus tard, l'autorité principale de la loi islamique en Iraq.
Imam Nakhi, d'Iraq. Les autres étudiants iraquiens enviaient sa chance d'avoir étudié avec Aisha.
Omerah bint Abdur Rahman, une fille Ansari. Elle était l'élève la plus brillante parmi les filles, et très aimée de Aisha. C'était elle qui écrivait les lettres de Aisha. Les hadiths rassemblés par le Calife Omar ibn Abdul Aziz pendant son règne, étaient scrupuleusement examinées par Omerah.
Aisha accomplissait régulièrement le Hadj chaque année. Pendant le Hadj, sa tente devenant l'endroit le plus inspirant dans l'immense assemblée. Les gens de différents pays, se pressaient vers cette tente pour trouver des réponses à leurs questions. Aisha était extrêmement polie envers les gens. Si quelqu'un hésitait de poser une question, elle disait : « Vous pouvez librement me poser n'importe quelle question que vous poseriez à votre propre mère ! »
La mort de Aisha
Même quand elle était âgée, Aisha continuait à servir l'islam et les musulmans avec la même vigueur. Elle devenait si chère au coeur du peuple qu'elle fut la personne la plus aimée et la plus respectée de son temps.
Dans le mois de Ramadan de l'an 58 de l'hégire, Aisha tomba soudainement malade. Les jours passèrent et sa condition s'aggravait. Les gens accouraient pour prendre des nouvelles de sa santé.
Le célèbre compagnon et cousin du Prophète, Abdullah Ibn Abbas lui rendit un jour visite. Elle hésitait à le recevoir car elle avait peur qu'il commence à faire des éloges sur ses services rendus à l'islam. Poussée par ses neveux, elle le reçut.
Après quelques informations sur sa santé, le visiteur commença à faire des compliments à la mère des Croyants. « Tu étais la femme préférée du Prophète. A cause de toi, Allah a révélé les versets se rapportant au Tayamoun ; des versets du Coran parlent de la pureté de ton caractère. Ces verset sont aujourd’hui récités dans les mosquées, jour et nuit ! »
Ibn Abbas ! dit-elle, d'une voie faible, n'en dit pas plus. Je souhaite n'être jamais née ! (Se remémorant le fardeau de la Bataille du Chameau)
Quand sa fin était proche, Aisha dicta sa dernière volonté : « Ne m'enterrez pas dans mon ancienne maison, au côté de mon mari car j'ai commis une faute. Enterrez-moi dans le cimetière de Médine, aux côtés des autres femmes ! Enterrez moi la nuit, n'attendez pas le matin ! »
Quelqu'un suggéra : « Il serait préférable de vous enterrer là ou le Prophète et votre père Abu Bakr reposent ! » « Dans ce cas, dit Aisha, toute ma repentance aura été vaine et je devrais me repentir à nouveau. »
Au soir du 17 Ramadan, Aisha Siddiqua, la Véridique, mourut paisiblement. Elle avait 67 ans. La prière venait de se terminer quand la nouvelle se répandit dans la ville. Elle affligea tout le monde. Des foules se rassemblèrent dans les rues.
« Hélas ! disait-on. Les gens viennent d'être privés du grand professeur, formé spécialement par le Prophète lui-même ! »
En accord avec sa volonté, Aisha fut enterrée dans le cimetière de Médine. Des milliers de personnes assistèrent à la prière funéraire qui fut dirigée par Abu Huraira. Jamais auparavant dans l'histoire de Médine, des funérailles ne furent aussi largement assistés la nuit. Des foules énormes de femmes sortirent dans la rue, donnant à cette circonstance un aspect de recueil national.
Le Personnage
La vie de Aisha démontre à quel degré peut s'élever une femme musulmane. Avant l'avènement de la religion, une femme n'avait presque aucun droit. L'islam l'a soudainement élevée au plus haut sommet de la dignité humaine tout en insistant sur la douceur et la pureté de sa nature. L'exemple de Aicha montre comment cela peut se faire. Elle était rigoureuse au sujet du voile et du code moral et pourtant, elle a joué un rôle vital dans la vie sociale, religieuse et politique de son pe
Aisha était une femme pieuse. En plus des cinq prières obligatoires, elle s'attachait également aux surérogatoires et elle jeunait fréquemment même après le mois de Ramadan. Aisha observa toute sa vie le même état d'ascétisme que durant la vie du Prophète. Elle n'avait pas de passion pour les beaux vêtements. Elle n'avait qu'un seul ensemble à la fois. Quand il se déchirait, elle s'en procurait un autre. Aussitôt qu'elle recevait un peu d'argent, elle le distribuait aux pauvres. Une fois, Mouawiya lui envoya 100 000 dirhams. Elle jeûnait ce jour là. Elle les distribua immédiatement, sans rien garder pour elle. Le soir, elle n'avait rien à manger. « Pourquoi ne m'as tu pas rappelé de garder quelque chose pour ce soir ? » dit-elle à la servante.
La malveillance n'est jamais entrée dans son coeur, bien que la provocation fût grande. Une fois, un égyptien lui rendit visite : « Quel genre d'homme est votre gouverneur ? » demanda-t-elle. Il traite bien le peuple, fut la réponse.
« Quelque soit le traitement de cet homme envers mon frère Muhammed (Ibn Abu Bakr), fit remarquer Aisha, je ne peux pas m'empêcher de déclarer que le Messager d'Allah a dit en ma présence : Ô Allah ! Si un gouverneur est très dur envers son peuple, alors toi aussi, sois dur envers lui. Mais s'il est bon envers son peuple, alors Toi aussi sois bon envers lui. »
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