Orphelin

19/04/2013 01:43
Nouvelle tragédie

Muhammad  vécut ensuite avec sa mère, qui le chérissait et veillait sur lui comme la plus affectueuse des mères veille sur son enfant préféré. Notons que Amina ne s'était pas remariée après la mort de son jeune époux. C'était là un fait inhabituel dans la société mecquoise, où il était courant d'épouser des femmes veuves ou divorcées. Âmina possédait plusieurs qualités faisant d'elle un parti désirable : la principale était la noblesse de sa lignée, un facteur très important dans cette société. Malgré cela, elle ne se remaria pas. 

C'est dans ce contexte qu'il faut considérer son voyage à Yathrib avec son fils, maintenant âgé de six ans, et sa nourrice Umm Ayman. Elle voulait qu'il rende visite au clan des an-Najjâr, ses oncles maternels. En effet, quand un homme épousait une femme d'une autre tribu ou d'un autre clan, tout membre de ce groupe était dès lors considéré comme l'oncle de ses enfants et de ses petits-enfants, et ce, pour toujours. La mère de Abd al-Muttalib appartenait au clan des an-Najjâr, et c'est pourquoi ils sont considérés comme les oncles du Prophète. Plus important encore, Amina voulait que son fils visite la tombe de son père. Peut-être pensait elle qu'il était temps qu'il comprenne que son père était enterré à Yathrib, loin de la Mecque.

Muhammad (Psl) et sa mère passèrent un mois à Yathrib avant de prendre le chemin du retour. Ce fut un bien triste voyage pour le jeune garçon. En effet, ils n'avaient pas été très loin lorsque sa mère tomba malade. La maladie fut rapide et fatale. Amina ne put ni parcourir la courte distance qui la séparait de Yathrib, ni poursuivre sa route. Muhammad (PSL), à six ans, n'avait plus ni père ni mère. Amina ayant été enterrée sur le lieu de sa mort, à al-Abwa, Muhammad poursuivit son voyage de retour à La Mecque avec sa nourrice, Umm Ayman, le coeur plein de peine. Rien, lui semblait-il, ne pourrait remplacer l'amour et la tendresse de sa mère. Jusqu'à la fin de sa vie, il devait se souvenir d'Amina et ressentir le chagrin de sa perte.

Sa vie durant, le Prophète se montra reconnaissant envers les femmes qui s'étaient occupées de lui pendant son enfance. Sa gratitude envers Thuwayba, la première femme à l'avoir allaité juste après sa naissance, était telle qu'il demanda de ses nouvelles lorsqu'il conquit La Mecque plus de soixante ans plus tard. En apprenant qu'elle était morte, il s'enquit aussi de son fils, qu'elle allaitait quand lui même était né : il voulait se montrer généreux envers lui ; mais il apprit qu'il était mort également.

Halîma, elle, lui rendit visite à Médine. Quand elle arriva, il se leva pour la recevoir en s'exclamant : « Ma mère ! Ma mère ! » Il lui montra toute la reconnaissance d'un fils affectueux et dévoué. Il fit également preuve de bonté envers sa soeur de lait Shaymâ, la fille de Halîma. Après la bataille de Hunayn, où la tribu des Hawâzin fut vaincue, Shaymâ fut faite prisonnière par les soldats musulmans. Elle les informa de sa relation au Prophète et ils la conduisirent près de lui. Il lui fit un accueil généreux et lui offrit des présents avant de la renvoyer honorablement auprès des siens ; auparavant, il lui avait proposé de rester près de lui, mais elle avait choisi de partir.

Umm Ayman, quant à elle, demeura proche du Prophète le restant de ses jours. Plus tard, il la maria à Zayd ibn Hâritha, le premier homme à embrasser l'islam, que le Prophète aimait plus que quiconque. Elle donna naissance à Usâma, que le Prophète aimait plus qu'aucun enfant à part les siens. Après la mort de sa mère, Muhammad  était à la charge de son grand-père, Abd al-Muttalib. Umm Ayman, une jeune esclave dont le vrai nom était Baraka, continua à s'occuper de lui. Elle avait appartenu à son père, et maintenant elle était à lui. Elle l'aimait tendrement, peut-être plus encore parce qu'elle savait qu'il avait perdu ses deux parents avant d'atteindre l'âge de six ans.

Le grand-père de Muhammad (PSL) était plus indulgent envers lui que ce n'était habituel dans la société arabe, où les enfants étaient élevés dans la plus stricte discipline. Aucun enfant n'était admis dans une pièce où son père recevait d'autres hommes. Pourtant, Abd al-Muttalib, le chef de La Mecque, permettait à son petit-fils de s'asseoir sur son tapis lorsqu'il recevait des notables mecquois. Ses autres enfants, maintenant adultes, restaient debout, mais Muhammad avait le droit de s'asseoir sur le tapis de son grand-pèrè. Lorsque les oncles de Muhammad (PSL)tentaient de l'en empêcher, Abd al-Muttalib leur disait de n'en rien faire. Il leur dit un jour : « Laissez mon enfant tranquille. Il sent qu'un jour il obtiendra un royaume. » À une autre occasion, il dit : « Il aura certainement un grand avenir. »