Montagne Hira
Dans la Montagne de Hira
Puis le moment voulu arriva. C'était au mois de Ramadan de l'année 610 après. J.C. ; Muhammad avait alors quarante ans, et passait le mois dans la montagne de Hirâ comme il en avait l'habitude depuis plusieurs années. Soudain, Muhammad vécut une expérience tout à fait extraordinaire, dont son épouse Âïsha a fait le récit : La Révélation se manifesta d'abord au Messager de Dieu sous la forme de visions : les visions qu'il avait dans son sommeil se réalisaient toujours très précisément. Puis il se mit à aimer la solitude. Il se retirait dans la grotte de Hirâ où il pratiquait des actes d'adoration plusieurs jours de suite avant de rentrer chez lui. Il se munissait de provisions pour cela, puis rentrait se réapprovisionner avant de repartir. Cela continua jusqu'au moment où la vérité lui vint dans la grotte de Hirâ.
L'ange lui apparut et lui dit : « Lis ! » Il répondit : « Je ne suis pas de ceux qui lisent. » Le Prophète a relaté :
« L'ange me saisit alors et me pressa au point de me faire perdre toute force, puis me lâcha et me dit : "Lis !" Je répondis : "Je ne suis pas de ceux qui lisent." Il me saisit et me pressa une seconde fois jusqu'à me faire perdre toute force, puis me lâcha et dit : "Lis !" Je répondis encore : "Je ne suis pas de ceux qui lisent." Il me saisit et me pressa une troisième fois, puis il dit : "Lis au nom de ton Seigneur qui a tout créé, qui a créé l'homme d'une adhérence ; lis, car la bonté de ton Seigneur est infinie ! C'est Lui qui a fait de la plume un moyen du savoir et qui a enseigné à l'homme ce qu'il ignorait." »
Le Prophète revint chez lui auprès de Khadîja, le coeur palpitant. Il s'exclama : « Enveloppez-moi, enveloppez-moi ! » On l'enveloppa jusqu'à ce que son effroi se dissipe. Il dit alors à Khadîja : « Que m'arrive-t-il ? » Il lui relata ce qui s'était passé et ajouta : « J'ai craint pour moi-même. » Khadîja répondit : « Tu n'as rien à craindre, calme-toi. Jamais Dieu ne te plongera dans l'opprobre ; tu préserves les liens de parenté, tu dis la vérité, tu aides les faibles, tu pratiques l'hospitalité et tu soutiens les causes justes. »
Khadîja l'emmena alors chez Waraqa ibn Nawfal, son cousin du côté paternel. C'était un homme qui avait embrassé le christianisme et un érudit connaissant bien l'arabe, l'hébreu et la Bible. C'était un vieillard âgé, devenu aveugle. Khadîja lui dit : « Mon cousin, écoute le fils de ton frère. » (Cette expression n'est pas à prendre au sens propre, mais appartient aux usages de politesse qui avaient cours en Arabie à l'époque.)
Waraqa lui demanda : « Qu'as-tu, fils de mon frère ? » Le Prophète lui relata ce qu'il avait vu. Waraqa lui dit alors : « C'est la même révélation qui a été envoyée à Moïse. Ah, si j'étais jeune, si j'étais encore en vie quand ton peuple te chassera ! » Le Prophète demanda : « Mon peuple va-t-il donc me chasser ? » Il lui répondit : « Oui, jamais un homme n'a apporté ce que tu apportes sans être persécuté. Si je vis encore à ce moment-là, je t'aiderai de toutes mes forces. » Mais Waraqa mourut peu après.
Ce hadîth est relaté dans les deux recueils les plus authentiques des traditions du Prophète , ceux d'al-Bukhârî et Muslim, ainsi que dans le recueil de l'imam Ahmad.