Contexte Mecquois
Contexte de la Mecque
Nous pouvons comprendre de cette affirmation que Zayd n'avait pas d'égal, étant quelqu'un qui s'était mis sincèrement et consciencieusement à la recherche de la vérité, déterminé à la suivre une fois qu'il l'aurait trouvée.
Un autre élément mérite de retenir notre attention : le fait qu'un prêtre chrétien érudit avait informé Zayd du message de Muhammad et de l'imminence de sa venue. De fait, les théologiens aussi bien chrétiens que juifs en étaient conscients.
Salmân, le Compagnon du Prophète originaire de Perse, avait aussi été informé du message de l'islam par l'un de ces théologiens chrétiens. Son histoire sera relatée en détail par la suite. Par ailleurs, les juifs de Médine avaient l'habitude de dire aux Arabes polythéistes de Médine qu'un prophète apparaîtrait bientôt en Arabie et qu'ils seraient les premiers à le suivre. Chaque fois que des frictions se produisaient entre les communautés juive et arabe de Médine, les juifs faisaient des allusions menaçantes au fait que le nouveau prophète, dont ils disaient la venue imminente, n'hésiterait pas à combattre ses adversaires et à leur infliger de lourdes défaites. Ces menaces ont sans doute joué un rôle dans l'empressement des Arabes de Médine à embrasser l'islam lorsqu'ils en eurent connaissance : ils ne voulaient pas que les tribus juives s'allient au Prophète contre eux.
Nous disposons d'un récit plus détaillé relaté par Salâma ibn Waqsh, un compagnon du Prophète appartenant aux ansâr et qui participa avec lui à la bataille de Badr :
Nous avions un voisin juif qui vint un jour parler aux hommes de mon clan alors que je n'étais encore qu'un jeune garçon. Il mentionna le Jour de la Résurrection et le fait que tous les êtres humains devraient affronter le Jugement et qu'ils seraient emmenés au Paradis ou en Enfer. Les gens de notre peuple étaient polythéistes et ne croyaient pas à la résurrection ni à une seconde vie. Ils lui demandèrent s'il croyait sincèrement que les gens reviendraient à la vie après leur mort et s'il croyait réellement au Paradis et à l'Enfer. Il répondit : « Oui, je jure que cela est vrai. Je serais même prêt à troquer ma part de cet Enfer contre le plus grand fourneau que vous avez dans votre communauté. J'accepterais que vous allumiez ce fourneau, que vous me mettiez à l'intérieur et que vous le refermiez sur moi, si cela me permettait d'éviter le tourment de l'Enfer dans la vie future. »
Ils lui demandèrent quelles preuves il pouvait avancer pour confirmer ses dires. Il dit : « Un prophète vous viendra de là-bas », en tendant la main vers La Mecque et le Yémen. Ils lui demandèrent dans combien de temps il apparaîtrait. Il me regarda, car j'étais le plus jeune du groupe, et dit : « Si ce garçon vit assez longtemps pour atteindre la vieillesse, il le verra certainement. » Peu de temps après, Dieu envoya Son messager, Muhammad . Le juif était encore vivant parmi nous. Nous accordâmes foi au Prophète, tandis qu'il nia la véracité de son message. Lorsque nous lui reprochâmes son attitude en lui rappelant ce qu'il nous avait dit, il répondit : « Ce que je vous ai dit est vrai, mais votre homme n'est pas celui dont je voulais parler. »
Un autre récit mentionne l'arrivée de Syrie à Médine d'un érudit juif, quelques années avant la venue de l'islam. Cet homme, appelé Ibn al-Hayyabân, était extrêmement pieux. Lorsque la pluie manquait, les juifs lui demandaient de prier pour qu'il pleuve. Il refusait à moins qu'ils ne fassent quelque aumône. Ils se joignaient alors à lui pour prier à l'extérieur de la ville. À peine avait-il fini que le ciel se couvrait et qu'il commençait à pleuvoir à verse. Cela se répéta de nombreuses fois. Quelque temps après son arrivée, il tomba malade et se sentit sur le point de mourir. Il parla à ses frères juifs et commença par leur demander pourquoi ils pensaient qu'il avait émigré d'un pays prospère vers cette terre pauvre et rude. Il leur expliqua ensuite qu'il n'était venu à Médine que parce le moment de la venue d'un nouveau prophète était proche et que Médine serait le lieu où il émigrerait.
« J'espérais, dit-il, qu'il apparaîtrait avant que je meure, afin de pouvoir le suivre. Sa venue est tout à fait imminente, alors, que personne ne le suive avant vous. Il sera doté du pouvoir de faire couler le sang et de faire prisonniers les femmes et les enfants de ses adversaires, mais cela ne devra pas vous retenir de le suivre, frères juifs. »
Lorsque le Prophète émigra à Médine et fut amené à combattre la tribu juive de Qurayza (comme nous le verrons plus loin), quelques jeunes hommes de cette tribu rappelèrent à leur peuple que Muhammad était le Prophète dont Ibn al-Hayyabân leur avait parlé. Leurs contribules n'étaient pas d'accord avec eux, mais ces jeunes gens étaient convaincus qu'il était bien le Prophète dont la venue leur avait été annoncée. Ils sortirent du fort de Qurayza et déclarèrent leur conversion à l'islam, épargnant ainsi à leurs familles et à eux-mêmes le sort de la tribu de Qurayza. Parmi eux se trouvaient Tha'laba ibn Sa'ya, Usayd ibn Sa'ya et As'ad ibn 'Ubayd.
Il n'est en rien étonnant que des théologiens chrétiens et juifs aient ainsi eu connaissance à l'avance de la venue du Prophète, puisque l'Evangile comme la Thora contiennent des références à Muhammad en tant que dernier des prophètes et des messagers de Dieu.