berger
Berger
Dans la société mecquoise de l'époque, un garçon de l'âge de Muhammad ne pouvait pas faire grand-chose. La vie de toute la communauté dépendait en grande partie du commerce, alimenté par les voyages régulièrement entrepris vers la Syrie et le Yémen. Ces voyages signifiaient que le commerce de La Mecque était essentiellement ce qu'on appellerait aujourd'hui du « commerce extérieur », basé sur les importations et les exportations. Réussir dans ce domaine demandait une expérience variée que ne pouvait encore posséder un garçon entrant tout juste dans l'adolescence.
De plus, il aurait été trop risqué pour un si jeune garçon de voyager dans une région aussi difficile que l'Arabie. L'agriculture n'était quasiment pas pratiquée à La Mecque ni aux environs. Les métiers artisanaux étaient rares, et d'ailleurs peu appréciés des Arabes qui les considéraient avec mépris : le commerce était la seule occupation digne des Arabes de La Mecque. Pour aider son oncle, Muhammad (SAW) n'avait donc pas d'autre solution que de travailler comme berger.
La vie d'un berger est associée à la contemplation et à la patience. Un berger dispose de longues périodes où il n'a rien à faire, à part regarder paître ses bêtes. Dans sa solitude, il ne peut manquer de méditer sur l'univers qui l'entoure. Il pense à sa création, à ses étendues infinies. Il médite sur les nombreuses variétés de créatures qui vivent ensemble dans un petit coin de cet univers, et sur tout ce qui dépasse les limites de la perception humaine. Il pense à la grande diversité des plantes qui poussent de la terre, chacune avec ses caractéristiques et ses fruits si différents : pourtant, toutes sortent du même type de sol et se nourrissent de la même eau. Ses méditations ne peuvent que le conduire à penser au pouvoir infini qui contrôle tout ce qui existe dans l'univers.
Un berger a besoin de patience, et la pratique de son métier ne peut que lui inculquer cette qualité sans laquelle il ne peut pas s'occuper de ses moutons. Peut être, est-ce en raison de ces deux qualités, ainsi que d'autres moins importantes, que Dieu a choisi ce métier pour Ses messagers et Ses prophètes. Il est bien connu que Moïse et David ont reçu la prophétie alors même qu'ils étaient occupés à garder leurs moutons. Comme on demandait un jour au Prophète si lui aussi avait gardé les moutons, il répondit : « Oui. Chaque prophète a un jour ou l'autre gardé les moutons. » Lorsque nous réfléchissons à cela, nous ne pouvons que conclure que les prophètes, qui plus tard dans leur vie se sont occupés d'êtres humains dont ils étaient en quelque sorte les bergers, ont commencé à être formés à leur tâche lorsqu'ils exerçaient dans leur jeunesse le métier de berger.